28 février 2011

Conte d'une nuit d'hiver (qui semble triste, mais qui ne l'est pas...)

C’est avec légèreté qu’il faut tenir le pinceau.
le bras détendu, les doigts déposés sur le manche.
À tous les traits, elle doit se rappeler que c’est un exercice zen.


Qu’il est impératif qu’elle arrive à relâcher cette tension qui la mobilise entière, lui fait serrer des dents et sourire moins.
Se concentrer, respirer...
Se concentrer et respirer, penser à chaque mouvement, devenir les mouvements. S’oublier en eux.
Elle trempe son pinceau dans l’eau, l’essuie sur les rebords du verre. Elle fait glisser les poils doux dans l’encre bleue. Presque noire.
Respire.
Regarde le modèle.
Pratique.
Expire.
Regarde encore le modèle.
Glisse le pinceau sur ce papier si mince, qui a tant soif et boit tout l’encre si liquide.
Bavures.
Soupirs!
Elle n’est que tensions.
N’y arrive pas. Pas comme elle veut en tout cas.
Se concentre.
Essaie de calmer son âme en pagaille.
Tente de dompter son esprit qui s’ébroue tel un cheval sauvage devant un ravin. Il revient toujours au même endroit. Il galope vers elle. La toute belle. L’unique, sa fille! Sa fille qui ferait de cet ouvrage, un chef d’œuvre.
Elle lui manque sa fille. Comme elle aimerait la regarder écrire le mot bonheur ou joie en mandarin.
À la place sa fille a décidé d’écrire, à même son âme, à même sa chair, des mots plus durs, difficile à aimer. Les mots fuites, esquives et délires. Et malgré tout son amour, toutes ses acceptations, elle ne peut que la regarder faire, elle ne peut la protéger contre son gré. Elle ne peut que rester tout près, sans en avoir l'air. Respirer et apprendre à devenir zen. Réaprendre la confiance.
Elle y arrivera. Car on apprend à se dépasser par amour.
Elle reprend donc son pinceau. Délaisse l’encre bleue, celle qui est presque noire.
Attire à vers elle, l’encre rouge.
Et sur le papier si fragile, fais le signe, ni chinois, ni français, ni rien. Ce signe quasi universel.
Elle trace la forme d’un cœur, en puisant de toutes ses forces la puissance de l’amour qu’elle éprouve pour elle!
Et respire!




21 février 2011

en fer et en béton

Je suis possessive de cette construction massive. Dès que sur l’autoroute je l’aperçois, je me sens enfin chez moi.



Par une troublante contorsion de l’esprit ce pont pour moi, n’amène que vers Montréal. La ville y est si belle vu de loin, derrière ses « montagnes » de fer! Je sais qu’il m’amène aussi vers mon cocon, mon lit, mon chez-moi, sur la Rive-Sud de l’île… Mais, il arrive à m’émouvoir que pour l’idée de Montréal qu’il amène en moi.


Ce pont, c’est celui de la fête!Le pont des cafés, du cinéma et des ballades en amoureux ou avec les amis.


C’est le pont qui ferme tous les samedis de l’été pour que les marcheurs y prennent place, afin de voir le ciel s’illuminer de mille feux d’artifice!
C’est le pont où, avec Mister, mon cœur, on a franchi le cap des peurs diverses. Celui où on s’est tenu par la main, en se disant que nous serions là l’un pour l’autre.
C’est le pont des fantasmes et des rêves à venir, à construire!


15 février 2011

"Montréal est une femme"


 Elle est si jolie.

Elle tergiverse entre conserver son air d’antan ou encore de se lancer dans la modernité.
Parfois construite en toc, ce qui lui ride un peu la façade à force.
Ce qui sauve un peu sa dégaine, c’est sa grâce naturelle de grande dame du monde.


Elle sait demeurer invitante, inspirante.
Ce qui lui bouche les artères principales…



 Mais elle ne s’en formalise pas. Elle pousse très souvent même, l’audace d’en boucher volontairement encore plus, afin de célébrer tantôt la musique, tantôt la gastronomie, tantôt… Rien. Juste fêter.
Elle a le sens de la fête, la belle!
Les saisons l’importent peu. Elle s’accommode autant des grands vents qui balaient ses ormes immenses, que du froid glacial qui tapisse les trottoirs de givre et fait glisser les dames âgées autant que les petits enfants.
Accueillante, elle sait être multiculturelle, elle aime ajouter de la couleur et des saveurs à sa vie.
C’est une artiste aussi.
Elle accepte, sur ses jointures moins jolies, se parer d’œuvres plus ou moins permanentes.
Au grand plaisir de mes sens…


10 février 2011

Et que court l'hiver

Aujourd'hui, pas de photos.
Je ne trouve pas d'images neuves.
D'images nouvelles pour illustrer mes propos.
Je suis en panne d'image.
Probablement l'hiver qui ne m'inspire guère en ce moment, contrairement à la belle Spiruline qui s'amuse ferme avec cette saison qui sait être magnifique.
Mais voici comment je me sens, ce qui se passe avec moi.
Question de continuer d'écrire... En attendant l'inspiration!


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Pendant que l'hiver s'amuse à ressembler au printemps par la douceur de l'air sur ma peau, mais reste tout de même fidèle à lui-même en nous déversant des milliers de flocons sur la tête, le reste du monde continue de tourner et tourner encore.
Ici et là les gens se soulèvent parce qu’ils ont faim, parce qu’ils ont soif. Parce qu’ils aiment à penser que ça pourrait être mieux. Beaucoup mieux! Ils le pensent avec raison!
Chez nous, les ados se rebellent et revendiquent aussi. Mais sans faim. Mais sans soif de rien d’autre, que de revendiquer.
L’envie de leur crier à tue-tête de se trouver une cause est bien présente en moi! Mais je résiste.
Je résiste, car bien que non cruciale pour le changement du monde, ils en ont une cause! C’est celle de grandir et de s’obstiner! Grandir et se quereller avec une multitude d’hormones qui envahissent leurs émotions et les font devenir parfois des hérissons, parfois petits bébés avec des besoins criants, mais surtout prioritaires!
Parfois difficile de les prendre au sérieux, quand on voit leur assiette remplie tous les soirs et qu’on observe leur agenda bien chargé de loisirs, leur carnet remplit d’amis à la tonne et de savoir qu’ils ont des parents présents. Il est souvent bien incompréhensible de les voir se débattre autant avec tous les outils qu’ils possèdent. Je trouve qu’ils recherchent bien souvent les difficultés là où il pourrait y avoir tant de facilités!


Difficile de voir Lo, qui bloque devant une scolarité que bien des Indiennes profiteraient avec plaisir, entrain et curiosité… Si elles en avaient la possibilité.


Irritant de voir la belle rousse s’asseoir sur ses talents immenses en attendant que jeunesse se passe.


Enrageant de regarder Oli se gratter le nombril quand il porte en lui des réserves d’idéaux et de rêves pour changer son monde, sinon le monde!


Exaspérant de voir petite intrépide essayer des les imiter, car les autres sont tellement « cools » d’être aussi grands!
...

Avec tout le brouhaha de la vie qui passe, il est si souvent difficile de garder le focus sur le plaisir et sur les intentions amoureuses. Vive la famille reconstituée!
Mais on y arrive.
Avec beaucoup d'humour, avec beaucoup d'amour...
La main de Mister qui joue avec mes cheveux est souvent la bienvenue pour remettre mon sourire bien en place. Pour détendre mes épaules qui prennent pour eux toutes ces tensions accumulées...
Nos discussions loufoques ou philosophiques qui aèrent l’esprit et le cœur. Le plaisir de se retrouver tous devant un bon repas, un Scrabble ou une œuvre d’art est intense, palpable et ravigotant!
Je ne changerais rien à ce que je vis.
Ah oui... À bien y penser, je changerais quelque chose.
J’ajouterais du temps.
Du temps pour respirer doucement, lire tranquillement et du temps pour m’étirer dans mon lit avec le soleil qui chatouille mon petit nez…